GENESE :
Tout a commencé en 1976, année de ma naissance. Je naissais en octobre, prématurément à 7 mois. A cette époque bien innocente, je ne me doutais pas de la vie qui m’attendait. Outre, une enfance bien compliquée en perspective, je ne savais pas que déjà mon devenir de future maman était tout tracé. On parle de destin, on dit que tout est écrit … finalement, c’est peut-être pas si faux. En tout cas, c’était déjà inscrit dans mes ovaires …
Il faut savoir que les femmes naissent avec un stock défini d’ovocytes qui diminue avec l’âge. Or quand le stock est faible dès la naissance … il en reste peu à l’âge avancé que j’ai … c’est-à-dire 36 ans.
Il m’aura justement fallu attendre mes 36 ans pour que l’on m’annonce cette vérité … « début d’insuffisance ovarienne – réserve ovarienne en dessous de la moyenne » … mieux vaut tard que jamais.
MA PREMIERE VIE :
Amour de jeunesse :
Avant ça, à 17 ans, je rencontrais un gentil garçon sur les bancs du lycée. Il était beau, il était jeune, il était gentil, il m’aimait …je tombais très amoureuse. A 23 ans, après nos études et ayant trouvé un travail tous les deux, on se mettait en ménage. A 24 ans, on décidait de mettre un bébé en route. Enfin, pour dire vrai, cette décision vint de lui. Moi, je voulais me marier d’abord et voir si le bébé arrivait ensuite … Mais j’arrêtais la pilule, on programmait le mariage dans la foulée … Un monde parfait de bisounours …
Un an après, on célébrait notre mariage, mais point de bébé en vue … je me souviens même que pendant ma nuit de noce, c’était le jour de mon ovulation … et beaucoup de beaux rêves dans la tête.
Quelques mois plus tard, je consultais ma gynécologue qui me demanda de faire quelques test : prise de sang, courbes de température, un spermogramme pour mon mari. Tout était ok pour moi, mais mon mari refusait de faire son spermogramme … alors « on » a attendu…
Quand les examens s’imposent :
Un an après, toujours rien… je change de gynécologue, je lui explique nos problèmes, je lui parle de mes douleurs pelviennes récurrentes et elle décide de me faire un test post-coïtal pour nous donner un premier indice, vu que mon mari refuse le spermogramme : test d’huner positif … mon mari n’est pas stérile …
Ce dernier décide enfin de faire son spermogramme (puisqu’il est enfin rassuré) : spermogramme ok. Je fais une hystérosalpingographie : trompes ok …
Ma gynécologue me propose d’essayer une stimulation simple… je réagis super bien, trop bien à la stimulation puisque j’ai 3 follicules matures … elle ne veut pas prendre le risque de continuer le traitement et m’envoie chez un « spécialiste de la PMA ».
Ce dernier me fait une cœlioscopie, car compte-tenu de mes douleurs pelviennes récurrentes, il soupçonne une endométriose : BINGO ! lors de cette intervention, il constate une endométriose de stade II, donc légère … rien qui puisse entraver une grossesse …
Le verdict tombe : INFERTILITE INEXPLIQUEE.
Bienvenue dans le monde de la PMA
Docteur PMA nous propose donc de faire des inséminations … on pourra en faire 6.
Pendant ce temps là, la vie continue … les galères du quotidien aussi … un mari souvent au chômage, qui tout doucement sombre dans la dépression … puis la névrose … les premiers problèmes d’argent arrivent … mais je tiens bon… je gère tout … je suis forte … je mène tout de front …
C’est seule, que je ferai mes piqures, c’est seule que j’irai au rendez-vous, c’est seule que j’affronterai les résultats négatifs … C’est seule que je ferai vivre le ménage … c’est seule que je porterai mon mari à bout de bras… c’est seule que je ferai face à mes propres démons…
Au bout de 3 iac, le médecin me demande de faire une pause d’un mois… suite à quoi, je ne le revoyais jamais.
Quand le conte de fée est peuplé de sorcières :
Se battre seule face à l’infertilité, avec un mari qui perd pied, c’est pas gérable… Je me dis qu’un peu de repos « nous » fera du bien … qu’on verra dans quelques mois … que peut-être un miracle se produira …
La vie n’est pas un conte de fée, les princes charmants n’existent pas … les bisounours sont bien loin de tout ça …
Puis, un an est passé… puis deux… et on s’est séparé …du moins… j’ai pris la décision de nous séparer…
Hypocondriaque… paranoïaque … agoraphobe … dépressif… jaloux… possessif … violent… et j’en passe … autant d’adjectifs qui auront eu raison de moi … J’aurai appris une leçon de vie essentielle : on ne peut pas aider quelqu’un qui ne veut pas être sauvé ….
J’aurai appris que l’amour ne suffit pas …
Après un an de séparation, le divorce est prononcé … quelques mois plus tard, il décédait d’un AVC, il avait 33 ans.
Aucun enfant ne sera né de cette union et j’en remercie encore le ciel …
MA NOUVELLE VIE :
Une bonne étoile veille sur moi :
Combien de chances avais-je de rencontrer cet homme qui vivait à 400 km de chez moi … combien avais-je de chances qu’il puisse être attiré par moi … combien avais-je de chances de retomber amoureuse … moi, petite chose à l’époque, qui pensais sérieusement finir sa vie seule, qui pensais qu’on ne pouvait connaitre l’amour qu’une seule fois, qui pensais qu’on ne pouvait l’aimer que pour mieux la détruire ensuite.
J’avoue que c’est avec acharnement qu’il finit par me séduire … à force d’encouragement, d’écoute et de bonne humeur. Moi si misérable dans ma pauvre vie … Lui, si gai, si gentil, si drôle, il fut d’abord mon ami, puis mon amant pour devenir l’amour de ma vie. Au bout d’un peu plus d’un an à faire des aller-retour pour nous voir le week-end, il me dit « quand est-ce que tu viens vivre avec moi ? »… je plaquais tout : le boulot, la famille, les amis … Ce fut la meilleure décision que je pris dans ma vie.
Bien entendu, je lui racontais, mon ex-mari, mon désir d’enfant, mon vœu d’avoir une grande famille… Je lui parle de mon infertilité inexpliquée … des traitements… Je lui parle de nos essais pendant 6 ans … Il me répond que le concernant, il est prêt à tout … les examens, les traitements, l’adoption s’il le faut … Il est fort, il est beau, j’ai confiance en lui … je l’aime.
Rapidement, on cesse toute protection…Moi, persuadée que je faisais un blocage psychologique avec mon ex-mari, je suis sûre de tomber très vite enceinte. D’ailleurs, ça tombe bien, je suis au chômage, j’ai du mal à trouver du boulot … autant en profiter … Mes tentatives pour reprendre mes études échoues et 1 an passe, je trouve enfin un job… 4 mois plus tard, on achète une jolie maison avec 3 chambres : la nôtre, celle de nos amis et parents et … celle du bébé … Je prends rendez-vous chez ma gynécologue … et c’est reparti …
Comme un gout de « déjà-vu »
On refait tous les examens … Sauf que cette fois, le test d’huner est négatif … elle ne voit aucun spermatozoïde dans le champ … Le monde s’écroule autour de nous … et si mon amour était définitivement stérile ? et si tout était fini ? Retour à la dure réalité … l’histoire se répète, c’est juste impensable …
Spermogramme fait, nous attendons 15 jours dans l’angoisse … prévoyant tous les scénarios … imaginant le pire forcément … et le peu d’options qui s’ouvraient nous … 15 jours plus tard, le résultat n’est pas mauvais, largement suffisant pour que nous puissions avoir un bébé naturellement … le verdict tombe :
INFERTILITE INEXPLIQUEE
Mea Culpa :
Bizarrement, je pleure beaucoup … je m’en veux, c’est ma faute, tout est ma faute … Si je n’ai pas eu d’enfant avec mon premier mari et que j’arrive pas à en faire un à mon chéri, c’est que forcément, c’est moi le problème … je culpabilise … Pourtant je l’aime, je l’aime tant !!! je n’ai jamais aimé de cette façon … je n’ai jamais été aussi heureuse de partager ma vie avec un homme … pourquoi je bloque alors ???
Je tente l’hypnose … pas de bébé…
On tente les iac : 4, de février à juin … pas de bébé …
Je tente l’expérience de la constellation familiale … pas de bébé …
Dans la tempête, un nouvel espoir :
Je rencontre Supergygy … Il est mature, il est sérieux, il est professionnel, il m’impressionne. Supergygy sait compter les follicules antraux … Je suis en dessous de la norme, je suis en début d’insuffisance ovarienne, je ne suis pas cinglée, mon infertilité est enfin expliquée …même si cela n’explique pas tout à fait ces 12 ans sans grossesse …
Supergygy nous propose une FIV … C’est laborieux, je réponds mal au traitement de cheval qu’il me donne … mais la ponction a lieu… deux ovocytes seulement résiste à la ponction … Les deux seront fécondés, un seul me donnera un bel embryon.
Ma petite Boule d’Amour …
Ma petite Boule d’Amour, avec ses si jolies cellules, ce si bel espoir … enfin … après tout ce temps … me sera transféré le 15/12/2012, le 29/12/12, nous apprenions cette magnifique nouvelle : il avait tenu, j’étais enceinte, nous allions être parents …
Malgré l’angoisse que tout s’arrête, j’aurai vécu de merveilleuses semaines où nombre de choses se seront imposées à moi : j’étais heureuse d’être enceinte. Je n’avais pas peur d’être maman. J’étais encore plus amoureuse de mon chéri et j’aimais déjà cet enfant à naître …
Pourtant, le bonheur s’arrêta le 17/01/13 lorsque supergygy nous annonça que notre petite boule d’amour avait cessé d’évoluer … que bientôt je ferai une fausse-couche … que c’était fini…
Il n’y aurait pas de bébé, il n’y aurait pas de jolie chambre, ni de vêtement de grossesse, ni de biberons … fini, fini, fini…
La peine que j’ai ressentie alors est incommensurable. Je ne l’oublierai jamais …
La bonne nouvelle, c’est que j’ai été enceinte … j’ai été une presque maman … j’ai connu cette fabuleuse sensation de porter la vie, de croire en l’avenir, d’imaginer notre vie avec un enfant.
La bonne nouvelle, c’est qu’on recommencera … mon corps a porté la vie… pas très longtemps … c’est vrai … mais l’étincelle était là… la prochaine fois, on fera mieux… la prochaine fois, le feu prendra…
La bonne nouvelle, c’est qu’on s’aime encore plus …
La bonne nouvelle, c’est que la vie est bien faite …
Finalement, peut-être que rien n’arrive jamais par hasard … Le pire nous arrive peut-être pour que le meilleur arrive ensuite …
Du moins, j’espère …
(la suite ici)